Alexandre Jamet : « Ça fera des souvenirs »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Il a fallu recourir à l'addition des places pour décider du vainqueur final du Circuit de Saône-et-Loire. A égalité de temps avec Arnaud Tissières (Elites Fondation Cycling Team) au bout de trois étapes, Alexandre Jamet conserve son maillot jaune. Mais plus encore, c'est l'échappée de Joris Chaussinand qui l'a inquiété jusqu'au bout. Mais pour six centièmes, les chronométreurs ont mesuré huit secondes entre le coureur de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme et le groupe d'Alexandre Jamet alors qu'il en fallait neuf pour voir Joris Chaussinand triompher (voir classement). "Gagner pour six centièmes, je m'en souviendrai toute ma vie", s'exclame le sociétaire de l'EC Saint-Etienne Loire auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Te voilà vainqueur du Circuit de Saône-et-Loire... Est-ce ta plus belle victoire ?
Alexandre Jamet : En fait je n'ai jamais gagné de classements généraux. C'est quelque chose ! On a gardé le maillot jaune les deux jours. On a une superbe équipe. Il fallait tenir, les parcours ne sont pas évidents. Il fallait contrôler la course et on l'a vraiment bien fait jusqu'à Uchon. Après Uchon, ils ont essayé de mettre un coup de vis. On bascule, on est encore deux avec Mael (Soranzo). Antoine Roussel rentre dans le final et nous aide. L'équipe a été incroyable. Il n'y avait pas que moi comme carte dans l'équipe et le but c'était de gagner le général. J'avais le maillot jaune donc forcément j'étais un peu plus surveillé mais Mael aurait très bien pu partir dans un coup et gagner le général. Ce n'est pas ce qu'il s'est passé mais ça nous a permis de vraiment jouer collectif. C'était un peu plus facile à manœuvrer. Mais les coureurs de Bourg-en-Bresse nous ont donné du fil à retordre.

Tu as craint que Joris Chaussinand te dépossède du maillot jaune ?
J'ai eu peur, oui c'est sûr. Après je me suis dit « on met tout jusqu'à la fin et on verra bien ». Si j'avais perdu, je n'aurais pas eu de regrets parce que j'ai tout mis. Mais là ça n'est que plus beau, six centièmes c'est énorme ! C'est énorme ! Ça fera des souvenirs.

« IL NE FAUT PAS SE RELEVER »

Dans la dernière bosse, Victor Guernalec a attaqué...
Je ne pouvais plus me lever de la selle, je me suis dit que là il fallait que j'aille au train et dans la descente donner tout ce que j'avais jusqu'à la ligne d'arrivée. Je calculais. A chaque virage, je les voyais au loin et je faisais « 1, 2, 3", je tombais à 9". Je me disais « putain de sa mère ». Dans les trois derniers kilomètres, je les voyais, il y avait 9", je me disais « ça va se jouer à la seconde ». Du coup je roulais pour que notre groupe puisse faire le sprint et que l'on arrive à moins de 9" de lui. Les gars d'N'Side étaient deux. Et ils avaient un mec rapide qui doit faire 4e de mon groupe (Arthur Liardet, NDLR). Ils m'ont un tout petit peu aidé mais c'est le jeu, c'était à moi de rouler à fond jusqu'à la fin. Et tant mieux qu'ils se soient un peu regardés devant avec Théo Thomas qui est un peu rapide.

Tu as jeté ton vélo sur la ligne...
On ne sait jamais, si ça se joue à rien, c'est peut être là que je gagne. On voit Joris (Chaussinand) qui perd 9" le premier jour car je pense qu'il se relève. C'est dommage, c'est une erreur de jeunesse. Sur une course par étapes, des fois ça se joue à rien. Là ça montre que le vélo actuel ça se joue à des coups de secondes et il ne faut pas se relever sur une course par étapes, on ne sait jamais.

C'est important pour toi cette première victoire dans un classement général à 31 ans ?
Je n'ai jamais été un grand spécialiste de course par étapes. J'aime bien ça parce que c'est sympa. Jouer les classements généraux ça n'a jamais été trop mon truc. Là, le fait d'être devant à la première étape, ça m'a un peu désigné leader mais le fait d'être tous placés, ça m'a aussi enlevé de la pression. Je suis content de gagner une course par étapes. C'est un autre sentiment qu'une classique ou une course d'un jour.

« JE NE VOIS PAS POURQUOI J'ARRÊTERAIS »

C'est un nouveau souffle dans ta carrière ?
Non. Je fais du vélo pour le plaisir. Je ne suis pas là pour passer pro. Ce n'est vraiment pas l'idée. Mon but c'est d'aider les jeunes de l'équipe. Mael, il fait une super course par étapes ce week-end, si je peux l'aider à concrétiser dans les semaines à venir, il faut que je renvoie l'ascenseur. Là c'est moi qui fais le résultat mais il méritait autant que moi. Le but c'est que je leur apporte mon expérience, c'est pas forcément à moi de faire les résultats. L'avenir c'est eux, ce n'est pas moi.

Quelle est la suite pour toi ?
Je vais un peu me reposer, je ne vais pas courir le week-end prochain. Après je vais à l'Essor breton, je vais aller en Bretagne, ce sont de belles courses. Après ça va enchaîner avec un mois de juin qui va être assez rempli. On a un beau calendrier avec de belles courses par étapes. Je n'ai pas un objectif particulier. J'ai un calendrier qui me plait avec que des courses qui me plaisent. Je vais avec l'envie sur toutes les courses.

Vas-tu continuer encore longtemps ?
Je ne sais pas. Je sais que je suis sur ma dernière ou mes dernières années, je ne vais pas continuer 107 ans. Mais tant que j'ai le niveau pour m'amuser tout en m'entraînant. Tant que ça marche... Ce n'est pas une contrainte de faire des courses le week-end, c'est ma passion. Le jour où j'en aurai marre, j'arrêterai, ce n'est pas le problème. J'adore la compétition, j'adore l'adrénaline de la course. Tant que je prends du plaisir, je ne vois pas pourquoi j'arrêterais.

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