Alessio Cialone : « Franchement, c’est dur… »

Crédit photo Florian Frison / DirectVelo

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La déception est à la hauteur des espoirs qu’il avait encore au sommet du Col du Portel. Assis sur le sol après l'arrivée, la tête dans les mains comme pour cacher les larmes qui coulent alors sur ses joues, Alessio Cialone semble inconsolable. Avec 2’40” d’avance sur le groupe maillot jaune en haut de la principale difficulté de la journée, une heure plus tôt, et alors qu’il ne restait plus qu’une longue descente et une partie rapide en faux-plat descendant jusque dans les rues de Saint-Girons - soit 37 km - pour résister, il a très certainement laissé échapper la victoire sur la cinquième et dernière étape de la Ronde de l’Isard (2.2U) dans cette longue descente technique. Coups de pédales bien trop peu nombreux, mauvaises trajectoires, relances pas assez appuyées… Le sociétaire du Vendée U a perdu plusieurs secondes durant chaque kilomètre de descente, jusqu’à ne plus compter qu’une minute d’avance au bas du col.
Une situation d’autant plus frustrante qu’il avait fait forte impression en se débarrassant tour à tour de ses deux compagnons de fugue dans l’ascension, et qu’il a ensuite été à nouveau très solide lors de toute la partie finale, en roulant aussi vite qu’un groupe de leaders qui se sont relayés et l’ont finalement cueilli au panneau indiquant les trois derniers kilomètres. Une fin terriblement frustrante pour un collectif du Vendée U qui a également perdu Sam Maisonobe, vainqueur vendredi et contraint d’abandonner à la suite d’un incident mécanique, alors que son directeur sportif se trouvait… à l’avant de la course, derrière Alessio Cialone. Entretien avec celui qui avait déjà réalisé un beau numéro en montagne il y a deux ans, sur cette même épreuve, mais qui est cette fois-ci passé encore bien plus près du Graal. 

DirectVelo : C’est passé tout près !
Alessio Cialone : Il y a forcément des regrets. J’ai fait 110 kilomètres devant, j’avais cinq minutes d’avance au pied du col, je me suis fait reprendre à trois bornes de l’arrivée. Je ne peux pas être heureux de ça. Une 8e place à l’arrivée, pfff, ça ne m’apporte pas grand-chose.

Pour t’avoir suivi une bonne partie de l’étape, on a le sentiment que tu as clairement perdu la course en descente…
Je fais un blocage. J’ai perdu plus d’une minute sur le groupe maillot jaune dans la descente. J’avais déjà fait cette descente sur route ouverte et j’étais arrivé en bas 30 secondes plus tôt… Bon, ça en dit long. Cette descente, je la connaissais, je savais qu’elle n’était pas très belle à cause de parties très pentues et dangereuses.  

« PLEIN DE CHOSES N’ALLAIENT PAS »

Et ça t’a coûté cher !
Je pense que j’ai payé pas mal de choses. Les étoiles n’étaient pas alignées pour que je gagne. J’ai eu trois grosses chutes en descente depuis le début de saison, dont la dernière il y a dix jours en Coupe de France. J’avais déjà des plaies de partout quand je suis retombé. J’étais complètement bloqué au niveau du dos, j’ai dû rester au repos pendant trois-quatre jours. Je me suis alors demandé s’il était utile que je vienne à l’Isard, pour sans doute ne rien faire. Sans ces problèmes, j’avais initialement prévu de jouer le général ici cette année. Finalement, je me suis reporté sur l’idée de ne rien faire les deux-trois premiers jours pour tout donner sur les deux derniers. J’ai passé ces deux étapes là devant.

Point positif : tu t’es montré sacrément costaud !
J’aurais bien aimé garder avec moi Louis Sparfel dans la montée mais je préférais me mettre à mon rythme. Malheureusement, je n’avais pas mes meilleures jambes après avoir déjà fait beaucoup d’efforts cette semaine. Je pense avoir payé mon échappée de la veille. C’est un enchaînement de plein de choses qui n’allaient pas. Mais je ne vais pas faire mon égoïste, le bilan est très bon pour l’équipe. Sam a fait un très gros numéro il y a deux jours, je suis très heureux pour lui. Il faut relativiser, ça restera une belle semaine. Benjamin (Marais) avait déjà fait un beau numéro le premier jour. Dans l’absolu, on était en capacité de gagner trois étapes sur cinq, c’est énorme.

« ON EST DE RETOUR »

On te sent abattu…
Ouais… C’est beaucoup de déception. Je relativiserai sûrement un peu plus tard, j’ai quand même pris du plaisir à l’avant, avec mes deux compagnons de route puis tout seul. Mais franchement, c’est dur. Avec trois kilomètres de moins, ce n’était plus la même histoire. Pour aujourd’hui mais aussi pour la suite.

Parce qu’une victoire d’étape, prestigieuse, sur la Ronde de l’Isard ouvre possiblement les portes du monde professionnel ?
Bien sûr. Mais là, du coup non… C’est comme ça. La saison est encore longue, je ne vais pas lâcher l’affaire. Je reviens plutôt bien malgré toutes mes chutes et mes craintes actuelles en descente. Mais ça va revenir. J’ai des regrets comme Benjamin en a eu le premier jour, on termine la course comme on l’a commencée. Mais franchement, on a vu le maillot du Vendée U tout le temps. On est de retour à un très bon niveau après un début d’année parfois poussif. C’est bien. Appuyons-nous là-dessus. Mine de rien, je suis fier de ce qu’on a fait.


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